Berlinale 2019, nos coups de cœur en marge

 

L'adieu à la nuit d'André Téchiné, Jessica Forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, Monos d'Alejandro Landes, Nos défaites de Jean-Gabriel Périot : ce qu'il y avait (aussi) à retenir cette année.

Nos défaites de Jean-Gabriel Périot (documentaire présenté au Forum) se penche aussi sur les rapports de la jeunesse actuelle avec le combat politique, mais d’une manière totalement contraire aux deux autres films. Périot confronte des adolescents bien d’aujourd’hui, dans un lieu bien précis, le lycée Romain Rolland d’Ivry (là où Claire Simon a tourné Premières solitudes, les deux films ayant été commandés dans le même cadre) avec des images de films politiques des années 60-70 : la Salamandre de Tanner, A bientôt, j’espère de Chris Marker, la Chinoise de Jean-Luc Godard, Camarades de Karmitz, des documentaires militants. Il leur demande de rejouer des scènes de ces films puis les interroge sur leur sens. On craint d’abord que leur manque d’engagement et leur méconnaissance d’idées aussi importantes que démocratie, capitalisme, syndicalisme, engendre un antipathique film paternaliste se lamentant sur ce que la jeunesse d’aujourd’hui aurait perdu par rapport à celle d’hier. Mais ces lycéens ainsi que le regard du cinéaste sur eux évoluent progressivement, dans un respect sans condescendance où l’emporte l’intelligence, jusqu’à un passage à l’acte inattendu et chargé d’espoir.

 

Marcos Uzal
Libération
17 février 2019